L’autre jour, je suis tombé sur un article de presse affirmant que « les sportifs réguliers gagnent plus d’argent que les non sportifs ». Bien évidemment, il ne s’agit pas d’une affirmation gratuite, puisque les auteurs se sont basés sur deux articles universitaires : «Labor Market Effects of Sports and Exercise: Evidence from Canadian Panel Data» et «Mozart or Pelé ? The Effects of Teenagers’ Participation in Music and Sports».
Pour ma part, je pense que cette conclusion concernant les revenus des sportifs réguliers par rapport aux non-sportifs n’est pas fausse. Il suffit pour ce faire de regarder ces footballeurs professionnels ou encore ces tennisman qui gagnent des millions d’euros en une année. Ce qui est certain en tout cas, est que ces dernières études confirment celles de Long et Caudill. Ces deux économistes américains ont conclu que le salaire d’un sportif régulier dépasse les 5% par rapport à un poste sédentaire.
Pourquoi les sportifs réguliers ont-ils plus de revenus ?
Pour connaître la raison de cette différence de revenus, il faudrait se référer à l’article «The impact of Participation in Intercollegiate Athletics on Income and Graduation», de Long et Caudill. Ces derniers pensent que la prime au sportif est à l’origine de cette différence de salaire. En effet,
D’après eux, cela s’expliquerait par «la prime au sportif». Les sportifs auraient tendance à vouloir plus de promotions, à cause du fait qu’ils ont dans la tête la compétition. En outre, ils ont le sens de la négociation. Ils peuvent négocier leur rémunération plus longtemps au cours d’un entretien. Les sportifs réguliers supportent aussi les situations inégalitaires. Ils n’ont pas peur de prendre des risques. La présence de risques n’influence pas sur leurs décisions. D’ailleurs, étant donné que les sportifs considèrent leurs homologues comme des adversaires, ils ont toujours un état d’esprit offensif.
Mais pourquoi pratiquer du sport intensément influence l’argent reçu par les sportifs ? Pour quelles raisons le sport bouleverse le choix et l’attitude des personnes. Pour pouvoir répondre à ces questions, nous allons enchaîner avec les conclusions à ce propos des économistes Nicolas Eber et Marc Willinger.
Les impacts du sport sur le comportement des sportifs de haut niveau
L’étude des deux économistes datait de 2006. Ils ont testé 115 élèves de l’Institut d’Études politiques de Strasbourg. 50% de l’échantillon comportait des sportifs réguliers avec une licence. Le but de ces spécialistes était de déterminer si un sportif a plus d’esprit de compétition qu’un non-sportif. De même, ils ont étudié la rationalité de chacun des individus faisant face à choix un économique. Un mini-jeu a été organisé pour l’occasion. Il consistait à partager 100 euros à chaque sportif et non-sportif et à les inciter à partager une partie de la somme. Au terme du jeu, les sportifs ont donné moins que les non-sportifs. Cela a permis aux économistes de conclure que les sportifs préfèrent garder le plus d’argent pour eux par rapport aux autres. Les autres qui sont en compétition avec eux sont plus généreux.
Les sportifs ne refusent pas l’argent tombé du ciel. Ils se basent sur la raison, mais non les émotions. Toujours selon l’étude, les sportifs ne penseraient qu’à eux. Ce qui explique pourquoi leur comportement est différent de celui des autres. Leur choix est ainsi compatible avec la réussite professionnelle.
Bien évidemment, ces allégations se limitent aux conclusions de l’étude. D’ailleurs, l’étude n’est pas suffisamment approfondie pour que l’on conclue que les sportifs sont plus rationnels que les non-sportifs. Par exemple, il n’y a eu aucune précision sur le type de sport pratiqué (collectif ou individuel). Il est difficile donc de déduire si cette conclusion concerne toutes les disciplines sportives ou quelques-unes uniquement.